samedi 24 août 2019

Autran en emporte le vent

Présents: Maud, Ben, Noé, Fabien, Pierre B et Mick


CR de Ben:
Un soir d’été, nous nous retrouvons chez Noé pour discuter de notre prochaine sortie, la traversée P40 Guiers Mort en Chartreuse. Mauvaise nouvelle, la sortie est prévue lundi mais lundi il pleut ! Il nous faut donc trouver un plan de secours. Les orages en montagne ce n’est pas ce qu’il y a de mieux quand on doit faire marche d’approche et réseaux humides.
Nous avons plusieurs critères : une cavité légendaire, une zone géographique avec peu de pluie le lundi et une organisation un peu chiadée. Après quelques palabres, nous choisissons Autran sur le plateau d’Albion !
Le président y est allé en 1998 du coup il a presque oublié les difficultés.
Ni une ni deux nous appelons le bon Fab à Saint Laurent du Pape et l’informons de notre projet. Au début il hurle, déroule ses arguments (Méandre horrible, eau, sorties de puits…) il a peur et cela se sent. Une fois ses arguments épuisés, il se met à pleurer, vaincu par notre enthousiasme.
L’objectif est simple : le camp des estrangers dans les amonts !

Nous voici donc le dimanche matin à préparer nos kits avant de partir sur Albion. Nous avons à équiper les premiers puits, le p11 du méandre, le p103 et le p40 qui suit. Après le siphon blanc, tout est équipé en fixe. 6 kits de matos en tout + le kit photo / secours et un kit miam.
Ça tombe bien nous sommes 6.
Nous retrouvons Fabien au camping municipal de Saint Christol. Il ne pleure plus mais nous menace encore : « vous verrez c’est affreux ! Vous allez pleurer dans le méandre ! » « Faut qu’on y aille on est déjà en retard ! On en sortira jamais vivants ! » … Il nous presse tellement que nous en oublions de mouiller les cordes.
14h nous sommes à l’entrée d’Autran et Fabien et moi commençons l’équipement. Les spits sont nombreux et nombreux sont les spits à être pourris. Nous alternons Spits et AF grâce au bon travail d’un spéléo qui nous a précédé armé d’un perforateur. Comble du raffinement, il a mis un petit point vert juste à côté de ses orifices pour les retrouver plus facilement.
Nous cherchons à poser les têtes de puits le plus haut possible pour se faciliter la sortie avec les kits.
Noé équipe avec le dernier kit la terrible tête de puits en T et nous allons déposer les 3 derniers kits d’équipement et le kit miam au début du méandre. Finalement j’en remonte un histoire d’ajouter des cordes car la fiche d’équipement que nous avons utilisé le matin même pour enkitter n’est plus à jour.
TPST : 5h

Retour au camping, rajout de cordes, plat de pâtes pantagruélique et dodo. Pierrot ne nous rejoindra finalement que le lendemain matin à 8h. Nous décidons de faire deux équipes pour le lendemain, Noé, Fabien et moi départ à 8 h pour aller équiper le p103 et le p40 et la seconde équipe Maud Mick et Pierrot départ à 9h.
8h30 nous rentrons dans la cavité et glissons sur nos cordes. En une demi-heure nous sommes à l’entrée du méandre tant attendu. On lit la peur dans les yeux de Fabien, ses souvenirs de l’an passé sont vivaces. Finalement en moins d’une heure avec un kit chacun nous sommes de l’autre côté du méandre après avoir équipé le p11. « Finalement ça passe facile ce méandre Fab ! » « Ouai ben vous verrez à la remontée ! »
Noé se lance dans l’équipement du p103, (comptez une C30 pour l’équipement de la MC puis 140 m de cordes pour le p103). Son équipement est nickel. Nous sommes rejoints par la seconde équipe toute fraîche en haut du P103. Le puits est superbe et très bien fractionné (attention le frac juste après le ressaut, prévoir des sangles ou dyneema, les points sont hauts et ça frotte si le nœud n’est pas dans le vide).
Nous sommes bien aidés par le très faible étiage. Le puits est presque à sec. Une fois arrivés en bas, petite remontée équipée de 4 m puis un beau méandre avant un très esthétique puits de 40m (fractionné à peu près à la moitié).
On trouve sans soucis la main courante en place qui nous emmène dans les galeries fossiles qui mènent au siphon. Pause miam où nous découvrons le pouvoir de l’huile ! En effet peut être que mettre tous nos ziplocks chargés de salade de riz au thon dans un sac étanche et s’assoir sur le kit (n’est-ce pas Maud) n’était pas la meilleure idée…
Au final nous sommes bons pour manger notre salade (très compacte au demeurant) les gants pleins d’huile…
Petite remontée de 2 m équipée et nous trouvons le fil d’Ariane du siphon ! Le siphon est frais mais il se passe sans problèmes avec de l’eau juste à mi-cuisse. Deux puits équipés en fixe et nous arrivons enfin dans la magnifique rivière, un mini Gournier à 400 m sous terre ! Sa remontée est facile bien aidée en cela par le très bon équipement en fixe. Nous cherchons un moment le shunt avant de le trouver et de remonter le méandre des oursins sur deux cents mètres. Encore un ou deux ressauts et nous arrivons en bas de vol de nuit.
Quelle taille !
Finalement le puits se remonte assez facilement tout est contre paroi avec des longueurs raisonnables entre les points. Arrivé à une quinzaine de mètres du haut du puits, une main courante plein gaz permet de rejoindre la goulotte et deux dernières longueurs nous séparent de la galerie suspendue au-dessus du puits. Encore quelques mètres et nous voilà au bivouac du camp des estrangers ! Nous allons fouiner un peu dans les amonts et les avals et il est l’heure de repartir.
Fabien commence déjà à raler en pensant au temps que l’on va mettre pour les photos (le même Fabien qui a partagé les dites photos moins de 2 min après leur publication !)
On redescend tranquillement en ponctuant notre retour de pauses photos.
Pour calmer le Fabien (dont le stress augmente à vue d’œil à l’approche du méandre) nous séparons le groupe en 2, Fab Maud et le président remontent le kit bouffe et le kit photo. Pierrot déséquipe et Noé et moi nous répartissons pour se charger des kits au fur et à mesure.
La remontée se passe assez tranquillement. Arrivé en haut du p103 je me charge du kit du fond (une bonne enclume) et c’est partit pour la remontée du méandre et puuuuuttttaaaaiiiinnnn ! C’est pas la même blague qu’à l’aller, le méandre est remontant avec des petites marches merdiques. Je le remonte seul, avec personne avec qui discuter… Le temps parait long… Finalement je rejoints enfin les autre à la fin du méandre et nous attendons Noé et Pierrot qui arrivent rapidement.
Les derniers puits sont bien merdiques avec deux kits. Nous nous séparons à nouveau en deux équipes de trois et pouvons compter sur Pierrot Noé et Mick pour nous donner les enclumes ! Nous sortons heureux à 4 heures du matin, direction le camping pour un repos bien mérité !


TPST : dans ces eaux-là !  


CR de Mick:

Dimanche 11 août, il est 13h00 quand Maud, Ben, Noé et moi arrivons au camping du Seuil à St Christol d'Albion. Nous y retrouvons Fabien dit "le Fab". Ce dernier remet en cause la préparation des kits, avec pour preuve une fiche d'équipement récente comportant d'importants écarts de longueur de corde. Discussion, réflexion, tergiversations, conciliabule. Un échec nous ferait passer pour des aliborons. La décision est prise... On assure  le coup et on refait les kits!
Tout juste le temps d'installer le campement que la fine équipe prend la direction de l'entrée d'Autran. Accompagnés d'une palanquée de kits, nous équipons les puits d'entrée. Le but: gagner du temps pour le lendemain et la pointe jusqu'au camps des estrangers. Enchaînement d'étroitures, de rampings, de pincements pour finalement arriver au puits du triangle qui n'est ni isocèle,  ni équilatéral mais simplement merdique. Une bizarrerie de la nature qui devrait faire connaissance avec la pentrite. 3h et 400m de corde plus tard, nous voilà enfin à -100. Oui oui vous lisez bien, 400m de nouilles pour arriver seulement à -100! Rapide retour à vide, nous regagnons le camping pile poil a l'heure de l'apéro pour nous délecter d'une bière rafraîchissante et d'un calorifique plat de pâtes.

Lundi 12 août, 7h, le réveil sonne. S'en suit un copieux petit dèj. Une heure plus tard, une première fournée de spéléos composée de Fab, Ben et Noé dit "Noé" se lancent à la poursuite de l'équipement commencé la veille. 
A 8h15, Maud et moi sommes rejoints par Pierre dit "Pierrot la lune". Cet homme de toute les sorties doit avoir un don d'ubiquité. Café, caca puis c'est au tour de la deuxième fournée de s'engager sous terre sur les coups de 9h. Le tant redouté et flexueux méandre de 700m est finalement vite avalé, les deux groupes se rejoignent au sommet du P103. Nous y retrouvons Ben, dit "la barre des Cévennes", comme il aime prétentieusement se surnommer. Le jeune homme nous confiera même avoir l'intention d'investir dans un triqueballe pour porter son lourd fardeau. Certains diront qu'il en fait beaucoup pour une simple badine... Bref, cesse de digression et revenons à nos moutons: dans le puits ça s' active. Nos equipeurs sont à la manœuvre. Tel des polatouches, ils s'élancent de spit en spit, d AN en AF et viendront à bout de l'équipement du monstre en deux heures... Ensuite ça enchaîne, re-meandre, P40, grosse galerie, pause bouffe. 

Parlons en de cette mémorable pause bouffe: pour changer de nos poutures lyophilisées habituelles, notre repas sera composé de salades de riz sous ziploc, conditionnés dans un sac étanche, lui même fourré dans un kit. Oui mais voilà! En haut P103, Maud se vautra de tout son être sur ce pouf improvisé, ce qui eu pour conséquence un éclatement en chaîne des poches de riz, avec hémorragie interne de mayo... un vrai carnage culinaire. Un moment qui restera gras(vé) dans nos mémoires. 

Une fois gras(tifié) de ce bon repas, nous poursuivons notre aventure vers le siphon blanc qui mouille à peine jusqu'à mi-cuisse. Enfin on arrive à l'actif, la plus belle partie du trou. On remonte les cascades "walking on the moon" , "Elisa" , fausse route du côté du shunt puis enfin on arrive au pied de "vol de nuit", majestueuse escalade de 125m de haut. L'équipement en place est plutôt bon. On termine même par une vertigineuse vire qui domine le vide. Au sommet, une courte galerie nous conduit au camp des estrangers, point d orgue de notre sortie. Le coin n'a rien de bucolique, on change les batteries,  on  mange un granny puis on tourne les talons. Sur le retour, j'en profite pour faire quelques photos, sous les huées de ses camarades pressés de ressortir:
- "bon ok ça va, j'me dépêche". 
Tout roule jusqu'au sommet du P103, ça se complique dans le méandre. Perspiration, ça hurle, ça jure, ça frotte, ça racle, ça cogne, ça saigne: 
-"Mais bordel, à l'aller ça passait comme un doigt à  la poste" 
-"heu non..."
-"comme une lettre dans le c*l"
-"heu non plus... " 
Bref, on a abhorré ce passage ! Et ce diabolique kit qui se coince sans cesse... 
A peine sortie de ce piège, rebelote. Quand y en a plus, y en a encore. 8 kits à sortir à 6, repasser le triangle iso-merdique et compagnie. Fab le philanthrope améliorera notre sort en se chargeant de deux sacs monstrueux.

Bientôt la délivrance, la sortie est proche, on sent l'air chaud extérieur caressé nos visages "exeunt, fiat luuuux!!!" Mais non. Il fait nuit... il est 4h du mat, nous venons de passer 20h dans les entrailles d'autran.

GASOIL: vous ne viendrez plus chez nous par hasard. 

photos:

camp des estrangers

camp des estrangers

cascade Elisa

cascade Elisa

P103

P103

P103

P103

post siphon blanc

vol de nuit

vol de nuit

vol de nuit

vol de nuit

base de vol de nuit

base de vol de nuit

walking on the moon

walking on the moon