Présents: Maud, Ben, Noé, Fabien, Pierre B et Mick
CR de Ben:
Un soir d’été, nous nous retrouvons
chez Noé pour discuter de notre prochaine sortie, la traversée P40
Guiers Mort en Chartreuse. Mauvaise nouvelle, la sortie est prévue
lundi mais lundi il pleut ! Il nous faut donc trouver un plan de
secours. Les orages en montagne ce n’est pas ce qu’il y a de
mieux quand on doit faire marche d’approche et réseaux humides.
Nous avons plusieurs critères :
une cavité légendaire, une zone géographique avec peu de pluie le
lundi et une organisation un peu chiadée. Après quelques palabres,
nous choisissons Autran sur le plateau d’Albion !
Le président y est allé en 1998 du
coup il a presque oublié les difficultés.
Ni une ni deux nous appelons le bon Fab
à Saint Laurent du Pape et l’informons de notre projet. Au début
il hurle, déroule ses arguments (Méandre horrible, eau, sorties de
puits…) il a peur et cela se sent. Une fois ses arguments épuisés,
il se met à pleurer, vaincu par notre enthousiasme.
L’objectif est simple : le camp
des estrangers dans les amonts !
Nous voici donc le dimanche matin à
préparer nos kits avant de partir sur Albion. Nous avons à équiper
les premiers puits, le p11 du méandre, le p103 et le p40 qui suit.
Après le siphon blanc, tout est équipé en fixe. 6 kits de matos en
tout + le kit photo / secours et un kit miam.
Ça tombe bien nous sommes 6.
Nous retrouvons Fabien au camping
municipal de Saint Christol. Il ne pleure plus mais nous menace
encore : « vous verrez c’est affreux ! Vous allez
pleurer dans le méandre ! » « Faut qu’on y aille
on est déjà en retard ! On en sortira jamais vivants ! »
… Il nous presse tellement que nous en oublions de mouiller les
cordes.
14h nous sommes à l’entrée d’Autran
et Fabien et moi commençons l’équipement. Les spits sont nombreux
et nombreux sont les spits à être pourris. Nous alternons Spits et
AF grâce au bon travail d’un spéléo qui nous a précédé armé
d’un perforateur. Comble du raffinement, il a mis un petit point
vert juste à côté de ses orifices pour les retrouver plus
facilement.
Nous cherchons à poser les têtes de
puits le plus haut possible pour se faciliter la sortie avec les
kits.
Noé équipe avec le dernier kit la
terrible tête de puits en T et nous allons déposer les 3 derniers
kits d’équipement et le kit miam au début du méandre. Finalement
j’en remonte un histoire d’ajouter des cordes car la fiche
d’équipement que nous avons utilisé le matin même pour enkitter
n’est plus à jour.
TPST : 5h
Retour au camping, rajout de cordes,
plat de pâtes pantagruélique et dodo. Pierrot ne nous rejoindra
finalement que le lendemain matin à 8h. Nous décidons de faire deux
équipes pour le lendemain, Noé, Fabien et moi départ à 8 h pour
aller équiper le p103 et le p40 et la seconde équipe Maud Mick et
Pierrot départ à 9h.
8h30 nous rentrons dans la cavité et
glissons sur nos cordes. En une demi-heure nous sommes à l’entrée
du méandre tant attendu. On lit la peur dans les yeux de Fabien, ses
souvenirs de l’an passé sont vivaces. Finalement en moins d’une
heure avec un kit chacun nous sommes de l’autre côté du méandre
après avoir équipé le p11. « Finalement ça passe facile ce
méandre Fab ! » « Ouai ben vous verrez à la
remontée ! »
Noé se lance dans l’équipement du
p103, (comptez une C30 pour l’équipement de la MC puis 140 m de
cordes pour le p103). Son équipement est nickel. Nous sommes
rejoints par la seconde équipe toute fraîche en haut du P103. Le
puits est superbe et très bien fractionné (attention le frac juste
après le ressaut, prévoir des sangles ou dyneema, les points sont
hauts et ça frotte si le nœud n’est pas dans le vide).
Nous sommes bien aidés par le très
faible étiage. Le puits est presque à sec. Une fois arrivés en
bas, petite remontée équipée de 4 m puis un beau méandre avant un
très esthétique puits de 40m (fractionné à peu près à la
moitié).
On trouve sans soucis la main courante
en place qui nous emmène dans les galeries fossiles qui mènent au
siphon. Pause miam où nous découvrons le pouvoir de l’huile !
En effet peut être que mettre tous nos ziplocks chargés de salade
de riz au thon dans un sac étanche et s’assoir sur le kit
(n’est-ce pas Maud) n’était pas la meilleure idée…
Au final nous sommes bons pour manger
notre salade (très compacte au demeurant) les gants pleins d’huile…
Petite remontée de 2 m équipée et
nous trouvons le fil d’Ariane du siphon ! Le siphon est frais
mais il se passe sans problèmes avec de l’eau juste à mi-cuisse.
Deux puits équipés en fixe et nous arrivons enfin dans la
magnifique rivière, un mini Gournier à 400 m sous terre ! Sa
remontée est facile bien aidée en cela par le très bon équipement
en fixe. Nous cherchons un moment le shunt avant de le trouver et de
remonter le méandre des oursins sur deux cents mètres. Encore un ou
deux ressauts et nous arrivons en bas de vol de nuit.
Quelle taille !
Finalement le puits se remonte assez
facilement tout est contre paroi avec des longueurs raisonnables
entre les points. Arrivé à une quinzaine de mètres du haut du
puits, une main courante plein gaz permet de rejoindre la goulotte et
deux dernières longueurs nous séparent de la galerie suspendue
au-dessus du puits. Encore quelques mètres et nous voilà au bivouac
du camp des estrangers ! Nous allons fouiner un peu dans les
amonts et les avals et il est l’heure de repartir.
Fabien commence déjà à raler en
pensant au temps que l’on va mettre pour les photos (le même
Fabien qui a partagé les dites photos moins de 2 min après leur
publication !)
On redescend tranquillement en
ponctuant notre retour de pauses photos.
Pour calmer le Fabien (dont le stress
augmente à vue d’œil à l’approche du méandre) nous séparons
le groupe en 2, Fab Maud et le président remontent le kit bouffe et
le kit photo. Pierrot déséquipe et Noé et moi nous répartissons
pour se charger des kits au fur et à mesure.
La remontée se passe assez tranquillement. Arrivé en haut du p103 je me charge du kit du fond
(une bonne enclume) et c’est partit pour la remontée du méandre
et puuuuuttttaaaaiiiinnnn ! C’est pas la même blague qu’à
l’aller, le méandre est remontant avec des petites marches
merdiques. Je le remonte seul, avec personne avec qui discuter… Le
temps parait long… Finalement je rejoints enfin les autre à la fin
du méandre et nous attendons Noé et Pierrot qui arrivent
rapidement.
Les derniers puits sont bien merdiques
avec deux kits. Nous nous séparons à nouveau en deux équipes de
trois et pouvons compter sur Pierrot Noé et Mick pour nous donner
les enclumes ! Nous sortons heureux à 4 heures du matin,
direction le camping pour un repos bien mérité !
CR de Mick:
Dimanche
11 août, il est 13h00 quand Maud, Ben, Noé et moi arrivons au
camping du Seuil à St Christol d'Albion. Nous y retrouvons Fabien dit
"le Fab". Ce dernier remet en cause la préparation des
kits, avec pour preuve une fiche d'équipement récente comportant
d'importants écarts de longueur de corde. Discussion, réflexion,
tergiversations, conciliabule. Un échec nous ferait passer pour des
aliborons. La décision est prise... On assure le coup et on
refait les kits!
Tout
juste le temps d'installer le campement que la fine équipe prend la
direction de l'entrée d'Autran. Accompagnés d'une palanquée de
kits, nous équipons les puits d'entrée. Le but: gagner du temps pour
le lendemain et la pointe jusqu'au camps des estrangers. Enchaînement
d'étroitures, de rampings, de pincements pour finalement arriver au
puits du triangle qui n'est ni isocèle, ni équilatéral mais
simplement merdique. Une bizarrerie de la nature qui devrait faire
connaissance avec la pentrite. 3h et 400m de corde plus tard, nous
voilà enfin à -100. Oui oui vous lisez bien, 400m de nouilles pour
arriver seulement à -100! Rapide retour à vide, nous regagnons le
camping pile poil a l'heure de l'apéro pour nous délecter d'une
bière rafraîchissante et d'un calorifique plat de pâtes.
Lundi
12 août, 7h, le réveil sonne. S'en suit un copieux petit dèj. Une
heure plus tard, une première fournée de spéléos composée de
Fab, Ben et Noé dit "Noé" se lancent à la poursuite de l'équipement commencé la veille.
A
8h15, Maud et moi sommes rejoints par Pierre dit "Pierrot la
lune". Cet homme de toute les sorties doit avoir un don d'ubiquité. Café, caca puis c'est au tour de la deuxième fournée de
s'engager sous terre sur les coups de 9h. Le tant redouté et
flexueux méandre de 700m est finalement vite avalé, les deux
groupes se rejoignent au sommet du P103. Nous y retrouvons Ben, dit
"la barre des Cévennes", comme il aime prétentieusement
se surnommer. Le jeune homme nous confiera même avoir l'intention d'investir dans un triqueballe pour porter son lourd fardeau. Certains
diront qu'il en fait beaucoup pour une simple badine... Bref, cesse
de digression et revenons à nos moutons: dans le puits ça s' active.
Nos equipeurs sont à la manœuvre. Tel des polatouches, ils s'élancent de spit en spit, d AN en AF et viendront à bout de l'équipement du monstre en deux heures... Ensuite ça enchaîne,
re-meandre, P40, grosse galerie, pause bouffe.
Parlons
en de cette mémorable pause bouffe: pour changer de nos poutures
lyophilisées habituelles, notre repas sera composé de salades de
riz sous ziploc, conditionnés dans un sac étanche, lui même fourré
dans un kit. Oui mais voilà! En haut P103, Maud se vautra de tout
son être sur ce pouf improvisé, ce qui eu pour conséquence un
éclatement en chaîne des poches de riz, avec hémorragie interne de
mayo... un vrai carnage culinaire. Un moment qui restera gras(vé)
dans nos mémoires.
Une
fois gras(tifié) de ce bon repas, nous poursuivons notre aventure
vers le siphon blanc qui mouille à peine jusqu'à mi-cuisse. Enfin
on arrive à l'actif, la plus belle partie du trou. On remonte les
cascades "walking on the moon" , "Elisa" , fausse
route du côté du shunt puis enfin on arrive au pied de "vol de
nuit", majestueuse escalade de 125m de haut. L'équipement en
place est plutôt bon. On termine même par une vertigineuse vire qui
domine le vide. Au sommet, une courte galerie nous conduit au camp
des estrangers, point d orgue de notre sortie. Le coin n'a rien de
bucolique, on change les batteries, on mange un granny
puis on tourne les talons. Sur le retour, j'en profite pour faire
quelques photos, sous les huées de ses camarades pressés de
ressortir:
- "bon ok ça va, j'me dépêche".
Tout
roule jusqu'au sommet du P103, ça se complique dans le méandre.
Perspiration, ça hurle, ça jure, ça frotte, ça racle, ça cogne,
ça saigne:
-"Mais bordel, à l'aller ça passait comme un doigt
à la poste"
-"heu non..."
-"comme une lettre dans le c*l"
-"heu non plus...
"
Bref, on a abhorré ce passage ! Et
ce diabolique kit qui se coince sans cesse...
A
peine sortie de ce piège, rebelote. Quand y en a plus, y en a
encore. 8 kits à sortir à 6, repasser le triangle iso-merdique et
compagnie. Fab le philanthrope améliorera notre sort en se chargeant
de deux sacs monstrueux.
Bientôt
la délivrance, la sortie est proche, on sent l'air chaud extérieur
caressé nos visages "exeunt, fiat luuuux!!!" Mais non. Il
fait nuit... il est 4h du mat, nous venons de passer 20h dans les
entrailles d'autran.
GASOIL:
vous ne viendrez plus chez nous par hasard.
photos:
camp des estrangers |
camp des estrangers |
cascade Elisa |
cascade Elisa |
P103 |
P103 |
P103 |
P103 |
post siphon blanc |
vol de nuit |
vol de nuit |
vol de nuit |
vol de nuit |
base de vol de nuit |
base de vol de nuit |
walking on the moon |
walking on the moon |